« La crise consiste en ce que l'ancien meurt et que le nouveau ne peut pas naître, dans cet interrègne on observe les phénomènes les plus morbides » 

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Antonio Gramsci, Cahiers de Prison, 1948

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La nuit pourrait se penser comme le motif de cet interrègne, une transition qui dilate le temps, labile, qui sépare et joint deux journées, deux ères, deux mondes et rend le regard incertain.

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C’est ici que la Belle Humeur commence. La Belle Humeur est un consentement à la nuit, une dissolution qui ne saurait se confondre avec un abandon, une approbation qui exclut l’obéissance. La Belle Humeur est une affirmation qui prend la forme d’un éclatement scénographique, d’un éclat de voix emporté par une expiration, d'un éclat de rire. La Belle Humeur révèle une folle lucidité, ciselée, précise, faite de détermination et de bifurcation, de liberté et de conscience, de silence et de crépitement.

Par embranchement, étirement, rupture, décomposition, recomposition, évoluant sous l’apparent désordre d’un feuillage, de l’excroissance d’une branche cherchant la lumière, de la boursouflure d’un excès de sève, des racines creusant le sol, la respiration se fait mouvement, espace, musique. Le plateau et son écriture abritent la plasticité d’un monde qui se transforme sans cesse. L’impermanence devient, dès lors, un état permanent. La Belle Humeur génère du temps au lieu de s’y soumettre, elle est un moment fortuit autour duquel on tourne, que l'on peut approcher, frôler, qu’il nous arrive d’atteindre pour une fraction de seconde et dont l’intensité surpasse toute durée.

Pour La Zampa, Marie Reverdy